Repenser la mobilité professionnelle pour dynamiser le marché du travail

Tribune
Le 28 juin 2024
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La pénurie de main-d’œuvre touche deux entreprises sur trois en France, un phénomène qui concerne une centaine de métiers dits pénuriques. Face à cet enjeu majeur, des solutions tactiques ont été proposées par le secteur public, notamment des incitations fiscales, et par des acteurs privés, à travers des services de recrutement innovants.

Cependant, ces mesures se heurtent à des problématiques structurelles qui entravent les deux vecteurs essentiels à la dynamisation du marché du travail : l’alignement des compétences avec les besoins réels des employeurs et la mobilité géographique des salariés.

Concernant les compétences, l’orientation bâclée et insuffisante dans le système scolaire génère d’importants manques de jeunes diplômés ou de reconvertis. Cela s’observe particulièrement dans les secteurs de l’industriel ou du BTP, alors que d’autres filières, comme la pâtisserie, sont saturées. Clairement, le déséquilibre entre l’offre de formation et les besoins du marché du travail s’accentue.

La mobilité géographique est aujourd’hui critique, surtout à l’heure de la ré-industrialisation. Les mouvements lents de population, les flux des centres-villes urbains vers leurs périphéries, la densification des littoraux, et le déplacement des jeunes retraités, sont autant de facteurs qui l’influencent. À cela s’ajoutent les défis posés par l’organisation des transports qui réduisent la taille des bassins d’emploi et limitent l’accès au marché du travail.

Pour preuve, la mobilité des Français dans les zones métropolitaines est quasiment nulle au-delà de 20 km de distance domicile-travail ! Citons enfin les freins immobiliers, 58% des Français étant propriétaires de leur logement. En France, vendre et racheter sa résidence principale coûte cher : les droits de mutation y sont très élevés. Ils sont en moyenne de 8% en France, contre 2% aux Pays-Bas, en Autriche et en Suède.

La compétition entre territoires pour attirer les investissements industriels et internationaux n’est plus organisée par une stratégie d’aménagement global, comme ce fut le cas pendant les Trente Glorieuses. Ce changement engendre des gains tactiques pour certains territoires sans anticipation de leur capacité à fournir les talents nécessaires. Et sans investir dans de nouvelles filières de formation adaptées aux besoins des entreprises qui s’implantent localement. Le cas de Dunkerque, qui prévoit d’attirer 20 000 salariés dans les dix ans malgré une pénurie de logements et de main-d’œuvre adaptée, souligne l’importance de cet enjeu.

Pour résoudre de manière durable les problèmes d’emplois vacants et de métiers en tension, un Plan National des Mobilités Professionnelles semble nécessaire. Ce plan devrait apporter des réponses nouvelles aux obstacles rencontrés dans l’orientation et la formation professionnelle, ainsi qu’en matière de localisation des établissements de formation. Il devra également adresser les surcoûts de mobilité liés à l’immobilier : d’une part en limitant les droits de mutation, d’autre part en mettant en oeuvre la portabilité des taux d’intérêts qui permettrait à tout particulier emprunteur de transférer le crédit existant d’un bien immobilier à un autre, en conservant le même taux d’intérêt.

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